Veut-on un secteur Commerce uniquement avec des étudiants et des flexijobs ? Au vu de l’évolution ces dernières années et des velléités patronales (aidés par les partis de droite), la question doit être posée. Est-ce un scénario fiction ? Absolument pas.
Une proposition de loi du parti du premier ministre est actuellement à l’étude à la chambre des représentants. Cette proposition vise à la suppression des limites au travail étudiant. En d’autres termes, les étudiants pourraient prester un nombre d’heures de travail illimité ! Cette proposition s’ajoute aux récents assouplissement des flexijobs dans le Commerce.
Le travail étudiant explose dans le Commerce au gré des assouplissements successifs de la législation.
Le travail étudiant existe depuis de nombreuses années. Au départ, il était surtout limité aux vacances d’été. La législation a évolué vers un assouplissement des limitations.
- En 2005, les étudiants pouvaient travailler 23 jours durant les vacances d’été et 23 jours durant la période scolaire.
- En 2012, ce quota de 46 jours est passé à 50 jours sans distinction entre les vacances d’été et la période scolaire.
- En 2017, les étudiants pouvaient travailler 475 heures par an. De plus, les étudiants ne paient qu’une cotisation de solidarité à l’ONSS de 2,71 % (à la place de 13,07%) et les employeurs 5,42 % à la place de 25 %!
- En 2021 et 2022, à la suite de la crise sanitaire, le quota de 475 heures a encore été élargi dans le Commerce via la non-prise en compte de plusieurs trimestres dans le calcul. Cela a conduit à l’élargissement de 2023.
- Depuis le 1er janvier 2023, le quota d’heures est passé de 475 à 600 heures par an pour profiter des cotisations sociales réduites.
Evolution du travail étudiant dans le Commerce depuis 2005
Qu’est-ce que représente 600 heures ?
3 ÉTUDIANTS À 600 HEURES = 1 EMPLOI À TEMPS PLEIN DANS LE COMMERCE !
A ce rythme et cela d’autant plus si tous les verrous au travail étudiant sautent, la majorité des travailleurs dans le Commerce seront à terme des étudiants (et pas uniquement durant les vacances d’été – 3ème trimestre). L’évolution continue et régulière du travail étudiant au gré des assouplissements successifs de la législation est d’ailleurs très claire comme le montre les derniers chiffres de l’ONSS.
Les flexijobs dans le Commerce depuis 2018
Il n’y a pas que le travail étudiant qui vient déréguler le secteur Commerce. Depuis 2018, les flexijobs ont été introduits dans le commerce. Leur développement est également exponentiel. Les derniers chiffres disponibles issus de l’ONSS (troisième trimestre 2023) sont édifiants !
Durant le 3e trimestre 2023 , 12 .774.900 heures ont été prestées dans le Commerce en Flexijobs et travail étudiant. Cela équivaut à près de 28.000 emplois à temps plein pour le 3e trimestre ! Le 3e trimestre est cependant celui des vacances scolaires, soit le trimestre où l’utilisation du travail étudiant est le plus important. Sur une base annuelle, le travail étudiant est estimé à dans le Commerce à près de 14.000 emplois à temps plein et les flexijobs à 4.000 emplois !
Pour le SETCa les choses sont claires :
- Un étudiant, ça étudie, c’est cela sont job principal ! Les solutions ne sont pas à trouver dans l’élargissement du travail étudiant mais un meilleur encadrement du coût des études (ex : révision de l’octroi et des montants des bourses). Si leurs parents avaient des jobs bien rémunérés, les étudiants ne devraient pas travailler ! L’élargissement du travail étudiant et des flexijobs induit de la flexibilité. Les étudiants ou flexij- jobbers ne sont à l’horaire qu’à la dernière minute et donc l’employeur préfère les utiliser au lieu de revaloriser les temps partiels.
- Ces statuts ont un traitement ONSS et/ou fiscal différent, les rendant moins chers. Dans les faits, les annales barémiques ne sont que peu importantes quand elles existent. Cela rend aussi le travail moins cher. En pratique, cela prive les travailleurs à temps partiel de revalorisation de contrat et également les travailleurs « ordinaires » d’heures tardives, voire de laisser purement et simplement les travailleurs « ordinaires » dans des contrats précaires plus longtemps !
Au SETCa nous nous battons tous les jours dans les entreprises et en CP pour faire barrage aux contrats précaires et revaloriser les heures des travailleurs à temps partiel. Au SETCa, dans les entreprises dans lesquelles nous sommes représentés, nous faisons barrage systématiquement aux flexijobs et nous nous battons pour des quotas limités et un encadrement strict du travail étudiant. Nous continuerons à le faire et plus que jamais ! Nos politiques ne peuvent pas nous dire que les travailleurs sans emploi sont des « profiteurs » comme on l’entend de la droite trop souvent et priver des demandeurs d’emploi ou des travailleurs à temps partiels d’un vrai contrat. Pour rappel, on parle pour le seul secteur commerce de près de 30.000 emplois temps plein qui pourraient être crées ou de très nombreux temps partiels revalorisés ! Messieurs et Mesdames les politiques, stoppons ce jeu de dupes ! Quand au-delà du 09/06 vous travaillerez à la rédaction d’un programme du gouvernement , pensez que vous trouverez les travailleurs du Commerce sur votre route si vous songez à élargir une fois de plus le travail étudiant
Soutenez vos délégués SETCa dans les entreprises pour moins de contrats précaires et de meilleurs contrats pour tous. Ensemble on est plus forts.